11/06/2024

L'œil derrière la caméra : Guillaume Martin, artisan de l’image

À l'approche de la sortie de "Vive les microbes !", Guillaume Martin, principal chef opérateur du film, évoque son parcours, ses expériences, sa vision du cinéma en passant par les moments forts de sa longue et riche carrière.

 

Pour ce professionnel solidement établi dans le milieu depuis plusieurs années, l’idée de passer derrière la caméra n'a pas toujours été une évidence. Au départ passionné par les sciences, il commence des études dans ce domaine avant de découvrir une vocation pour le cinéma. C'est en visionnant les œuvres de Charlie Chaplin que son intérêt pour le septième art s'est éveillé. "Près de mon lycée, il y avait un festival Charlie Chaplin. J'ai commencé à sécher les cours pour aller au cinéma. J'y allais tellement souvent que mes notes ont chuté, et j'ai fini par abandonner mon cursus maths sup au lycée Louis-le-Grand à Paris," raconte-t-il.

À la suite de cet abandon, il choisit de se lancer dans le cinéma en intégrant l'École nationale supérieure Louis-Lumière. Un établissement qui forme depuis près de 200 ans aux métiers du son et de l'image. Une fois sa formation achevée et une première expérience peu satisfaisante dans le secteur de l’audiovisuel, le jeune cadreur s'oriente vers le reportage et le documentaire.

De l’imaginaire à la réalité

Deux mondes dans lesquels il s’épanouit : “À l'origine, je pensais me destiner à la fiction, mais finalement, j'apprécie davantage la prise de vues réelles. De même, l’ambiance de travail dans le milieu de le documentaire me convient mieux. D'après mon vécu, dans la fiction, les équipes sont plus grandes et les relations y sont hiérarchisées, ce qui crée un cadre moins propice à l'intimité. À l'inverse, dans le documentaire, c’est le modèle horizontal qui prime. Les échanges entre le réalisateur, l'ingénieur du son et le chef opérateur sont plus fluides. On discute véritablement et ouvertement de tout”. Un facteur d'autant plus crucial en raison de la proximité qu’instaure ce type de production. “Étant donné que nous passons beaucoup de temps ensemble, il est important de bien s'entendre, explique-t-il.   

En réalisant des films avec des cinéastes comme Jean-Christophe Rosé, Christophe Honoré et Jérôme Laperrousaz, des liens amicaux se tissent, conduisant le cameraman à apprécier la collaboration répétée avec les mêmes personnes : “Je pense que c'est avantageux pour les deux parties. En nous connaissant bien, nous accordons nos styles. Au fil du temps, un équilibre se forme entre les attentes de l’un et les préférences de l’autre. Dans ce cas, parfois un simple mot suffit pour nous comprendre, ce qui permet de gagner un temps considérable. C'est pourquoi je travaille souvent avec des réalisateurs que je connais bien.”

Ainsi, Guillaume fait équipe avec Marie-Monique Robin depuis 35 ans. La mise en relation entre les deux s’est faite par l'intermédiaire du producteur Luc Martin-Gousset chez Point du Jour. Ce dernier le recommande à la réalisatrice alors qu'elle cherche un cadreur pour un futur reportage. Ce premier projet ouvre la voie à une série d'autres, les amenant à voyager à travers le monde. Les nombreux voyages participent à renforcer leur entente. “Avec Marie-Monique s'est noué un lien spécial. Notre relation est semblable à une famille où nous nous protégeons mutuellement”, confie-t-il.

 

Guillaume Martin et Marie-Monique Robin pendant le tournage de "La fabrique des pandémies" à Madagascar (2022) - crédit : Pierrot Men

 

L’essence d’un genre à part

Leurs périples sont aussi synonymes d’aventures et de moments mémorables : “Un souvenir me revient d'un jour dans un petit village reculé en Argentine où j'ai eu du mal à la filmer à cause de la foule qui l'entourait. Les habitants voulaient lui exprimer leur gratitude pour son enquête et son témoignage, qui ont permis de condamner des généraux argentins au début des années 2000. C'est une femme déterminée, persuasive et intelligente qui ne recule devant rien. Elle met toutes ces qualités au service de ses œuvres”.

Il admet que les événements inattendus, tels que celui-ci, sont parmi les aspects de son travail qu'il affectionne particulièrement. “La répétition n’existe pas dans le documentaire. Une situation ne se produit pas deux fois. La difficulté est de trouver une réponse visuelle à l'instant présent, de manière spontanée et sans réflexion préalable. On peut penser à une écriture et s’apercevoir qu’en réalité, ça ne fonctionne pas bien. Le côté imprévisible est très intéressant,” détaille l’opérateur.

Pour faire face à ce caractère imprévu, il peut s’appuyer sur les rencontres faites pendant les tournages : “J’essaie de me documenter en amont pour bien comprendre les enjeux. L’idéal est de rester proche du milieu que l’on filme.

À ce titre, le contexte du documentaire est un avantage, car il établit rapidement et naturellement une intimité. Le fait de se réunir autour d'un projet commun rapproche énormément. Les gens nous ouvrent leurs portes et partagent leur histoire avec nous. Toutes ces magnifiques rencontres font que je suis maintenant incapable de voyager comme un touriste ordinaire dont les contacts avec la population sont restreints.”  

Grâce à « Vive les Microbes ! », Guillaume aura encore enrichi cette expérience, de rencontres notamment faites en Finlande, en Thaïlande, en Allemagne et au Gabon.  

 



 

 

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Pour ce professionnel solidement établi dans le milieu depuis plusieurs années, l’idée de passer derrière la caméra n'a pas toujours été une évidence. Au départ passionné par les sciences, il commence des études dans ce domaine avant de découvrir une vocation pour le cinéma. C'est en visionnant les œuvres de Charlie Chaplin que son intérêt pour le septième art s'est éveillé. "Près de mon lycée, il y avait un festival Charlie Chaplin. J'ai commencé à sécher les cours pour aller au cinéma. J'y allais tellement souvent que mes notes ont chuté, et j'ai fini par abandonner mon cursus maths sup au lycée Louis-le-Grand à Paris," raconte-t-il.

À la suite de cet abandon, il choisit de se lancer dans le cinéma en intégrant l'École nationale supérieure Louis-Lumière. Un établissement qui forme depuis près de 200 ans aux métiers du son et de l'image. Une fois sa formation achevée et une première expérience peu satisfaisante dans le secteur de l’audiovisuel, le jeune cadreur s'oriente vers le reportage et le documentaire.

De l’imaginaire à la réalité

Deux mondes dans lesquels il s’épanouit : “À l'origine, je pensais me destiner à la fiction, mais finalement, j'apprécie davantage la prise de vues réelles. De même, l’ambiance de travail dans le milieu de le documentaire me convient mieux. D'après mon vécu, dans la fiction, les équipes sont plus grandes et les relations y sont hiérarchisées, ce qui crée un cadre moins propice à l'intimité. À l'inverse, dans le documentaire, c’est le modèle horizontal qui prime. Les échanges entre le réalisateur, l'ingénieur du son et le chef opérateur sont plus fluides. On discute véritablement et ouvertement de tout”. Un facteur d'autant plus crucial en raison de la proximité qu’instaure ce type de production. “Étant donné que nous passons beaucoup de temps ensemble, il est important de bien s'entendre, explique-t-il.   

En réalisant des films avec des cinéastes comme Jean-Christophe Rosé, Christophe Honoré et Jérôme Laperrousaz, des liens amicaux se tissent, conduisant le cameraman à apprécier la collaboration répétée avec les mêmes personnes : “Je pense que c'est avantageux pour les deux parties. En nous connaissant bien, nous accordons nos styles. Au fil du temps, un équilibre se forme entre les attentes de l’un et les préférences de l’autre. Dans ce cas, parfois un simple mot suffit pour nous comprendre, ce qui permet de gagner un temps considérable. C'est pourquoi je travaille souvent avec des réalisateurs que je connais bien.”

Ainsi, Guillaume fait équipe avec Marie-Monique Robin depuis 35 ans. La mise en relation entre les deux s’est faite par l'intermédiaire du producteur Luc Martin-Gousset chez Point du Jour. Ce dernier le recommande à la réalisatrice alors qu'elle cherche un cadreur pour un futur reportage. Ce premier projet ouvre la voie à une série d'autres, les amenant à voyager à travers le monde. Les nombreux voyages participent à renforcer leur entente. “Avec Marie-Monique s'est noué un lien spécial. Notre relation est semblable à une famille où nous nous protégeons mutuellement”, confie-t-il.

 

Guillaume Martin et Marie-Monique Robin pendant le tournage de "La fabrique des pandémies" à Madagascar (2022) - crédit : Pierrot Men

 

L’essence d’un genre à part

Leurs périples sont aussi synonymes d’aventures et de moments mémorables : “Un souvenir me revient d'un jour dans un petit village reculé en Argentine où j'ai eu du mal à la filmer à cause de la foule qui l'entourait. Les habitants voulaient lui exprimer leur gratitude pour son enquête et son témoignage, qui ont permis de condamner des généraux argentins au début des années 2000. C'est une femme déterminée, persuasive et intelligente qui ne recule devant rien. Elle met toutes ces qualités au service de ses œuvres”.

Il admet que les événements inattendus, tels que celui-ci, sont parmi les aspects de son travail qu'il affectionne particulièrement. “La répétition n’existe pas dans le documentaire. Une situation ne se produit pas deux fois. La difficulté est de trouver une réponse visuelle à l'instant présent, de manière spontanée et sans réflexion préalable. On peut penser à une écriture et s’apercevoir qu’en réalité, ça ne fonctionne pas bien. Le côté imprévisible est très intéressant,” détaille l’opérateur.

Pour faire face à ce caractère imprévu, il peut s’appuyer sur les rencontres faites pendant les tournages : “J’essaie de me documenter en amont pour bien comprendre les enjeux. L’idéal est de rester proche du milieu que l’on filme.

À ce titre, le contexte du documentaire est un avantage, car il établit rapidement et naturellement une intimité. Le fait de se réunir autour d'un projet commun rapproche énormément. Les gens nous ouvrent leurs portes et partagent leur histoire avec nous. Toutes ces magnifiques rencontres font que je suis maintenant incapable de voyager comme un touriste ordinaire dont les contacts avec la population sont restreints.”  

Grâce à « Vive les Microbes ! », Guillaume aura encore enrichi cette expérience, de rencontres notamment faites en Finlande, en Thaïlande, en Allemagne et au Gabon.  

 



 

 

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