04/04/2024

LA NATURE EN VILLE [Épisode 3]

La nature en ville : pour que la préservation de la biodiversité soit un levier de santé publique ET de justice sociale

 

Le projet « Vive les microbes ! » s’ancre dans la certitude que notre éloignement des milieux biodivers nous affaiblit et nous rend plus vulnérables aux maladies inflammatoires et virales. Les implications politiques de ce constat scientifique sont conséquentes : il faut repenser la cité et retrouver un contact avec la biodiversité microbienne, végétale, animale.  

 

À Barcelone, le laboratoire BNCUEJ nous alerte cependant : sans justice sociale, restaurer la biodiversité en ville pourrait être pire que mieux pour une partie de la population.

 

Carrefour de Shibuya - Japon - Tournage "Vive les microbes!"

 

Quand l’injustice se met au vert

 

Diabète, allergies, asthme, obésité : la littérature en sciences humaines l’a bien démontré, les populations les moins aisées sont les plus touchées par l’explosion des maladies inflammatoires[1].  Pour cause ces populations sont celles qui ont le moins accès aux environnements sains, à une alimentation suffisante et de qualité et pour qui le recours au soin est le plus compliqué. Dans le jargon sociologique, on appelle ça une « inégalité environnementale » [2].

 

Mais si l’on vous disait que ces populations sont aussi souvent les grandes perdantes des politiques de verdissement des villes ? C’est ce que nous explique le laboratoire BCNUEJ.

 

Fleurs partout, justice nulle part

 

Dirigé par la chercheuse franco-étasunienne Isabelle Anguelovski, ce laboratoire barcelonais étudie depuis 2016 les trajectoires urbanistiques durables à l’œuvre en Europe[3] et documente les effets de ces politiques sur l’augmentation du prix de l’immobilier et le déplacement des populations les plus précaires. Ces études s’inspirent énormément de la littérature existante aux États-Unis où les processus dits de « gentrification verte » sont à l’œuvre depuis plus longtemps qu’en Europe. Le processus de gentrification verte peut-être implicitement recherché par des autorités se servant du verdissement comme d’un outil de « marketing territorial », souhaitant attirer des populations plus aisées sur le territoire ;  il peut aussi être une conséquence non anticipée d’une politique urbaine qui ne réfléchit pas à la question de la justice sociale en amont de sa stratégie de restauration de la biodiversité.

 

Vers plus de justice environnementale

 

Pour infléchir ces tendances, les chercheurs du BCNUEJ ont publié en 2021 un guide[4] à destination des acteurs de l’aménagement du territoire. Ils partageant de manière critique les politiques urbaines cherchant à construire une ville plus durable et juste. En fin d’ouvrage, les scientifiques recommandent entre autres :  d’amplifier l’offre de logement social, de mieux évaluer les pressions et le potentiel de gentrification avant le développement de politiques urbaines durables, de prioriser les besoins des habitants les plus vulnérables sur les demandes des promoteurs, et enfin de soutenir les projets menés par les résidents, qu'ils soient formels ou informels.

 

Une palette d’outils nécessaire et précieuse qui n’attend plus qu’une volonté politique forte !

 

 

Cour de récréation végétalisée à Lahti - Finlande


[1] https://www.inserm.fr/actualite/environnement-socio-economique-accroit-risque-inflammation-chronique/

[2] https://www.notre-environnement.gouv.fr/IMG/pdf/18-inegalites-environnementales-ree-2006.pdf

[3] https://www.bcnuej.org/wp-content/uploads/2018/06/Green-Trajectories.pdf

 

array(15) { ["id"]=> string(3) "119" ["valid"]=> string(1) "1" ["title"]=> string(31) "LA NATURE EN VILLE [Épisode 3]" ["url"]=> string(28) "LA-NATURE-EN-VILLE-Episode-3" ["category"]=> string(1) "3" ["webzine"]=> string(2) "21" ["date_create"]=> string(10) "1712181600" ["video"]=> string(0) "" ["photo"]=> string(0) "" ["head"]=> string(0) "" ["text"]=> string(5885) "

La nature en ville : pour que la préservation de la biodiversité soit un levier de santé publique ET de justice sociale

 

Le projet « Vive les microbes ! » s’ancre dans la certitude que notre éloignement des milieux biodivers nous affaiblit et nous rend plus vulnérables aux maladies inflammatoires et virales. Les implications politiques de ce constat scientifique sont conséquentes : il faut repenser la cité et retrouver un contact avec la biodiversité microbienne, végétale, animale.  

 

À Barcelone, le laboratoire BNCUEJ nous alerte cependant : sans justice sociale, restaurer la biodiversité en ville pourrait être pire que mieux pour une partie de la population.

 

Carrefour de Shibuya - Japon - Tournage "Vive les microbes!"

 

Quand l’injustice se met au vert

 

Diabète, allergies, asthme, obésité : la littérature en sciences humaines l’a bien démontré, les populations les moins aisées sont les plus touchées par l’explosion des maladies inflammatoires[1].  Pour cause ces populations sont celles qui ont le moins accès aux environnements sains, à une alimentation suffisante et de qualité et pour qui le recours au soin est le plus compliqué. Dans le jargon sociologique, on appelle ça une « inégalité environnementale » [2].

 

Mais si l’on vous disait que ces populations sont aussi souvent les grandes perdantes des politiques de verdissement des villes ? C’est ce que nous explique le laboratoire BCNUEJ.

 

Fleurs partout, justice nulle part

 

Dirigé par la chercheuse franco-étasunienne Isabelle Anguelovski, ce laboratoire barcelonais étudie depuis 2016 les trajectoires urbanistiques durables à l’œuvre en Europe[3] et documente les effets de ces politiques sur l’augmentation du prix de l’immobilier et le déplacement des populations les plus précaires. Ces études s’inspirent énormément de la littérature existante aux États-Unis où les processus dits de « gentrification verte » sont à l’œuvre depuis plus longtemps qu’en Europe. Le processus de gentrification verte peut-être implicitement recherché par des autorités se servant du verdissement comme d’un outil de « marketing territorial », souhaitant attirer des populations plus aisées sur le territoire ;  il peut aussi être une conséquence non anticipée d’une politique urbaine qui ne réfléchit pas à la question de la justice sociale en amont de sa stratégie de restauration de la biodiversité.

 

Vers plus de justice environnementale

 

Pour infléchir ces tendances, les chercheurs du BCNUEJ ont publié en 2021 un guide[4] à destination des acteurs de l’aménagement du territoire. Ils partageant de manière critique les politiques urbaines cherchant à construire une ville plus durable et juste. En fin d’ouvrage, les scientifiques recommandent entre autres :  d’amplifier l’offre de logement social, de mieux évaluer les pressions et le potentiel de gentrification avant le développement de politiques urbaines durables, de prioriser les besoins des habitants les plus vulnérables sur les demandes des promoteurs, et enfin de soutenir les projets menés par les résidents, qu'ils soient formels ou informels.

 

Une palette d’outils nécessaire et précieuse qui n’attend plus qu’une volonté politique forte !

 

 

Cour de récréation végétalisée à Lahti - Finlande


[1] https://www.inserm.fr/actualite/environnement-socio-economique-accroit-risque-inflammation-chronique/

[2] https://www.notre-environnement.gouv.fr/IMG/pdf/18-inegalites-environnementales-ree-2006.pdf

[3] https://www.bcnuej.org/wp-content/uploads/2018/06/Green-Trajectories.pdf

 

" ["acvideo"]=> string(0) "" ["video2"]=> string(0) "" ["acvideo2"]=> string(0) "" ["creditphoto"]=> string(0) "" }

La Fabrique des Pandémies

Nouvelle Cordée

Qu'est-ce qu'on attends ?