27/11/2020

Valentine Plessy, dessinatrice

Valentine Plessy est illustratrice naturaliste. Ses dessins sont publiés, entre autres, dans des livres et des revues de vulgarisation scientifique. Sur une dizaine d'années, elle a consacré des planches à diverses espèces de mammifères, oiseaux et reptiles, mais aussi à des plantes, dans des formats allant de l’esquisse aux dessins réalistes aboutis, en passant par les cartes et les carnets de voyage. Son trait à la fois sensible et précis nous a séduits, au point de lui proposer de participer à « La Fabrique des Pandémies ».

Quelle sera ta participation au film ?
Pour ce film, je vais réaliser un carnet de croquis de différentes espèces d’animaux vecteurs de maladies. Les chercheuses et chercheurs rencontrés vont consulter ce carnet successivement, ce qui en fera l’un des motifs récurrents du documentaire. Mes dessins vont faire écho au travail d’observation que ces scientifiques mènent, tout en signalant que ce type de document pourrait bientôt être un précieux témoignage d’espèces disparues.

Quand Marie-Monique a pris contact avec moi pour me proposer de participer à son nouveau projet, j’ai reçu la nouvelle avec beaucoup d’enthousiasme ! Je connais son travail, et avant tout, je crois que nous partageons les mêmes convictions. À travers mes dessins, j’essaye d’utiliser mes connaissances de la nature pour sensibiliser les gens sur l’importance de la préserver. Le film de Marie-Monique a tout à fait la même démarche. C’est d’ailleurs la première fois que je travaille pour le cinéma ! Je suis donc heureuse, à la fois de contribuer à un projet qui me tient à cœur, et de vivre une expérience nouvelle.

D’où t’es venu cet intérêt pour les animaux et les plantes ?
Tout naturellement ! Mon rapport à la nature a toujours été une question de regard : ce sont les couleurs, le jeu des ombres et des lumières, et les formes qui m’ont attirés… je dirais presque envoutés. Je m’intéresse à la nature depuis que j’en ai le souvenir, d'abord à celle de l'Alsace, où j’ai grandi : côté sauvage dans les Vosges mais aussi côté ville !

Un intérêt qui s’est toujours traduit par le dessin ?
Le dessin a toujours été présent dans ma vie d’une manière ou d’une autre. Je n’ai pourtant pas fait d’école d’art. Je n’ai pas eu un parcours typique en réalité ! J’ai eu tendance à faire mes propres expérimentations, à mélanger différentes techniques et approches. J’ai exploré différentes techniques et approches artistiques. Je m'intéressais à l'illustration de Science-Fiction, j'ai même fait du graffiti.

L’alliance du dessin et de la nature, le dessin naturaliste donc, s’est imposée à moi un peu plus tard, à la trentaine. Les motifs liés à la Nature s’invitaient de plus en plus dans mes compositions. Je lisais à l’époque avec beaucoup d’intérêt le magazine Terre Sauvage, qui faisait la part belle aux illustrations. Un proche, ornithologue de terrain chevronné, finissait la rédaction d'une étude très complète sur les rapaces d’Alsace et m’a proposé de l’illustrer en vue d’une publication, éditée par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). C’est là que je me suis dit que je pouvais peut-être joindre passion et métier. Suite à cela tout s’est mis en place progressivement, les projets se sont enchaînés, et j’ai même fini par faire des dessins pour Terre Sauvage !

Nous disposons aujourd’hui de moyens très sophistiqués pour produire des images d’animaux. Pourtant, nous continuons à avoir recours à des illustrations. Qu’est-ce que permet le dessin que la photographie ou la vidéo ne permettent pas ?
Ce qui rend le dessin vraiment fascinant, c’est qu’il est le résultat d’une succession de choix et d’actions ayant une feuille blanche pour point de départ, là où le photographe ou le vidéaste commence avec un paysage ou un motif « imposé ». De mon point de vue, cette dimension confère au dessin des possibilités infinies. Entendons-nous bien, j’adore la photographie ou la video, qu’elles soient artistiques ou documentaires ! Je suis bien consciente des qualités de chacune, ainsi que du savoir-faire, de la sensibilté des auteurs.

Avec le dessin, je disais, on peut composer de A à Z. Imaginons que je doive dessiner un milieu naturel particulier. Je peux choisir d’y inclure une coupe du sol, y faire figurer les espèces animales et végétales que je veux, montrer comment elles interagissent, je peux recourir à un trait plus schématique à des fins pédagogiques précises, etc…

Et puis, le dessin est une forme d'expression assez directe. C'est une écriture, une « calligraphie », la trace de chaque dessinateur dans l'image qu'il produit.

Comment l’art et la science s’associent-ils dans ton travail ?
Un dessin de commande, c’est certes un travail technique parce que contraint, mais je n'oublie jamais d’y insuffler beauté et sensibilité, qui sont très motrices pour moi.

Dans mes échanges avec les scientifiques je retrouve d’ailleurs ces deux aspects. Les retours portent à la fois sur la justesse factuelle de l’illustration et sur le côté esthétique. Dans les deux cas, ils sont toujours exigeants ! L’avantage est que j’ai toujours l’occasion d’apprendre des choses au passage.

Et puis au fond, mon travail ne serait pas possible sans toute la documentation scientifique et de vulgarisation que produit la recherche. On pourrait croire que je passe mon temps à aller sur le terrain faire des observations de la flore et de la faune, mais en vérité je consulte aussi beaucoup les guides, écrits, journaux scientifiques pour être aussi précise que possible sur mon sujet. A côté de cela, je crois qu’observer la Nature in situ nourrit et affûte le sens esthétique. Le souvenir d’une lumière est une connaissance aussi !

C’est vrai qu’on aurait tendance à t’imaginer plutôt carnet en main au milieu d’une forêt tropicale !
J’aime bien voyager, par contre je suis plus vélo qu’avion ! Récemment je suis partie avec ma tente environ trois semaines, jusqu’au Parc national de Hortobágy, à l’Est de Budapest, en Hongrie. J'y a amené bien sûr tout mon matériel de dessin. Et comme toujours en voyage, je n'ai pas pris assez de temps pour me poser et dessiner. Ma soif de voir l’emporte ! Je m’adonne alors plutôt à du dessin « prise de notes ». Mais je rêve de bien d’organiser un voyage entièrement consacré au dessin !


Carnet de voyage en Hongrie. Crédit : Valentine Plessy

Est-ce qu’il t’arrive de travailler avec d’autres techniques que le dessin ?
Je suis un peu touche à tout. Bien sûr le dessin a une place centrale dans ma vie, mais je fais un peu de modelage de terre par exemple. J’aime créer des petits objets, je bricole un peu avec du bois. Pour l’instant, c’est quelque chose que je garde plutôt pour moi.

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Un regard sur la nature

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Valentine Plessy est illustratrice naturaliste. Ses dessins sont publiés, entre autres, dans des livres et des revues de vulgarisation scientifique. Sur une dizaine d'années, elle a consacré des planches à diverses espèces de mammifères, oiseaux et reptiles, mais aussi à des plantes, dans des formats allant de l’esquisse aux dessins réalistes aboutis, en passant par les cartes et les carnets de voyage. Son trait à la fois sensible et précis nous a séduits, au point de lui proposer de participer à « La Fabrique des Pandémies ».

Quelle sera ta participation au film ?
Pour ce film, je vais réaliser un carnet de croquis de différentes espèces d’animaux vecteurs de maladies. Les chercheuses et chercheurs rencontrés vont consulter ce carnet successivement, ce qui en fera l’un des motifs récurrents du documentaire. Mes dessins vont faire écho au travail d’observation que ces scientifiques mènent, tout en signalant que ce type de document pourrait bientôt être un précieux témoignage d’espèces disparues.

Quand Marie-Monique a pris contact avec moi pour me proposer de participer à son nouveau projet, j’ai reçu la nouvelle avec beaucoup d’enthousiasme ! Je connais son travail, et avant tout, je crois que nous partageons les mêmes convictions. À travers mes dessins, j’essaye d’utiliser mes connaissances de la nature pour sensibiliser les gens sur l’importance de la préserver. Le film de Marie-Monique a tout à fait la même démarche. C’est d’ailleurs la première fois que je travaille pour le cinéma ! Je suis donc heureuse, à la fois de contribuer à un projet qui me tient à cœur, et de vivre une expérience nouvelle.

D’où t’es venu cet intérêt pour les animaux et les plantes ?
Tout naturellement ! Mon rapport à la nature a toujours été une question de regard : ce sont les couleurs, le jeu des ombres et des lumières, et les formes qui m’ont attirés… je dirais presque envoutés. Je m’intéresse à la nature depuis que j’en ai le souvenir, d'abord à celle de l'Alsace, où j’ai grandi : côté sauvage dans les Vosges mais aussi côté ville !

Un intérêt qui s’est toujours traduit par le dessin ?
Le dessin a toujours été présent dans ma vie d’une manière ou d’une autre. Je n’ai pourtant pas fait d’école d’art. Je n’ai pas eu un parcours typique en réalité ! J’ai eu tendance à faire mes propres expérimentations, à mélanger différentes techniques et approches. J’ai exploré différentes techniques et approches artistiques. Je m'intéressais à l'illustration de Science-Fiction, j'ai même fait du graffiti.

L’alliance du dessin et de la nature, le dessin naturaliste donc, s’est imposée à moi un peu plus tard, à la trentaine. Les motifs liés à la Nature s’invitaient de plus en plus dans mes compositions. Je lisais à l’époque avec beaucoup d’intérêt le magazine Terre Sauvage, qui faisait la part belle aux illustrations. Un proche, ornithologue de terrain chevronné, finissait la rédaction d'une étude très complète sur les rapaces d’Alsace et m’a proposé de l’illustrer en vue d’une publication, éditée par la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). C’est là que je me suis dit que je pouvais peut-être joindre passion et métier. Suite à cela tout s’est mis en place progressivement, les projets se sont enchaînés, et j’ai même fini par faire des dessins pour Terre Sauvage !

Nous disposons aujourd’hui de moyens très sophistiqués pour produire des images d’animaux. Pourtant, nous continuons à avoir recours à des illustrations. Qu’est-ce que permet le dessin que la photographie ou la vidéo ne permettent pas ?
Ce qui rend le dessin vraiment fascinant, c’est qu’il est le résultat d’une succession de choix et d’actions ayant une feuille blanche pour point de départ, là où le photographe ou le vidéaste commence avec un paysage ou un motif « imposé ». De mon point de vue, cette dimension confère au dessin des possibilités infinies. Entendons-nous bien, j’adore la photographie ou la video, qu’elles soient artistiques ou documentaires ! Je suis bien consciente des qualités de chacune, ainsi que du savoir-faire, de la sensibilté des auteurs.

Avec le dessin, je disais, on peut composer de A à Z. Imaginons que je doive dessiner un milieu naturel particulier. Je peux choisir d’y inclure une coupe du sol, y faire figurer les espèces animales et végétales que je veux, montrer comment elles interagissent, je peux recourir à un trait plus schématique à des fins pédagogiques précises, etc…

Et puis, le dessin est une forme d'expression assez directe. C'est une écriture, une « calligraphie », la trace de chaque dessinateur dans l'image qu'il produit.

Comment l’art et la science s’associent-ils dans ton travail ?
Un dessin de commande, c’est certes un travail technique parce que contraint, mais je n'oublie jamais d’y insuffler beauté et sensibilité, qui sont très motrices pour moi.

Dans mes échanges avec les scientifiques je retrouve d’ailleurs ces deux aspects. Les retours portent à la fois sur la justesse factuelle de l’illustration et sur le côté esthétique. Dans les deux cas, ils sont toujours exigeants ! L’avantage est que j’ai toujours l’occasion d’apprendre des choses au passage.

Et puis au fond, mon travail ne serait pas possible sans toute la documentation scientifique et de vulgarisation que produit la recherche. On pourrait croire que je passe mon temps à aller sur le terrain faire des observations de la flore et de la faune, mais en vérité je consulte aussi beaucoup les guides, écrits, journaux scientifiques pour être aussi précise que possible sur mon sujet. A côté de cela, je crois qu’observer la Nature in situ nourrit et affûte le sens esthétique. Le souvenir d’une lumière est une connaissance aussi !

C’est vrai qu’on aurait tendance à t’imaginer plutôt carnet en main au milieu d’une forêt tropicale !
J’aime bien voyager, par contre je suis plus vélo qu’avion ! Récemment je suis partie avec ma tente environ trois semaines, jusqu’au Parc national de Hortobágy, à l’Est de Budapest, en Hongrie. J'y a amené bien sûr tout mon matériel de dessin. Et comme toujours en voyage, je n'ai pas pris assez de temps pour me poser et dessiner. Ma soif de voir l’emporte ! Je m’adonne alors plutôt à du dessin « prise de notes ». Mais je rêve de bien d’organiser un voyage entièrement consacré au dessin !


Carnet de voyage en Hongrie. Crédit : Valentine Plessy

Est-ce qu’il t’arrive de travailler avec d’autres techniques que le dessin ?
Je suis un peu touche à tout. Bien sûr le dessin a une place centrale dans ma vie, mais je fais un peu de modelage de terre par exemple. J’aime créer des petits objets, je bricole un peu avec du bois. Pour l’instant, c’est quelque chose que je garde plutôt pour moi.

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