17/09/2021

Les peuples autochtones et tribaux: garants de la biodiversité

Une participation inédite au congrès mondial de la nature

 

Du 3 au 10 septembre s’est tenu le congrès mondial de la nature. Ce congrès a rassemblé à Marseille chercheurs, représentants de gouvernements, entreprises, organisations non-gouvernementales et peuples autochtones.

 

En discussion : l’état de la biodiversité dans le monde, deux mois avant l’organisation de la COP26 à Glasgow et un mois avant le lancement en ligne de la Cop15 sur la diversité biologique. 

 

Le congrès mondial de la nature a en réalité débuté en octobre 2020, quand une centaine de motions ont été votées. Il s’est clôturé le 10 septembre avec le vote d’une trentaine de motions cette fois-ci. En tout : 130 motions portant sur les thèmes de l’artificialisation des terres, les pertes de biodiversité, de déforestation ou encore de la préservation des fonds marins. 

 

Une motion interpelle particulièrement, il s’agit de la motion n°129. Celle-ci, déposée par des organisations représentant des peuples autochtones, demande aux États « d’éviter le point de non-retour en Amazonie en protégeant 80% d’ici à 2025 », « en partenariat avec, et en reconnaissant, l'autorité des peuples autochtones » (1). Cette motion rappelle que pour la première fois dans l’histoire de l’UICN, les organisations des peuples autochtones ont présenté ou parrainé des motions en leur propre nom. 

 

Des garants indispensables de la biodiversité…

 

Les instituts internationaux ne cessent de le rappeler : les peuples autochtones sont les meilleurs gardiens des environnements qu’ils habitent. 

 

Le dernier rapport de la FAO, méta-analyse de plus de 300 études, indique qu’en Amérique Latine et dans les Caraïbes, les taux de déforestation sont largement plus bas dans les territoires habités par les peuples autochtones et tribaux. Cette affirmation se vérifie d’autant plus lorsque des droits juridiques et collectifs sont obtenus par ces peuples sur leurs terres. 

 

Les derniers rapports de l’IPBES (2), et celui du Giec de 2019 (3) sur la dégradation des terres, étayaient déjà ces propos. Au-delà de la question de la déforestation, c’est un ensemble de savoir-faire, de connaissances, de rapports au monde qui permettent aux peuples tribaux et indigènes de préserver leurs espaces. 

 

… dont les droits sont bafoués

 

Les peuples autochtones souffrent néanmoins de la déforestation, de la fragmentation des forêts ou encore des activités industrielles ou extractives implantées à proximité de leurs habitats. Les militants issus de ces peuples prennent de grands risques à s’exprimer, jusqu’à mettre leur vie en jeu. Ils souffrent même de la création d’aires protégées de conservation pensées sans eux. Ainsi l’annonce d’un objectif de protection de 30% des espaces terrestres et marins d'ici 2030 lors de la 4e édition du One Planet Summit, a suscité beaucoup d’inquiétude. Des organismes comme la LDH, Survival, Rainforest Foundation UK ou encore Minority Rights Group International craignent en effet que cette volonté de conserver le caractère « sauvage » des espaces sans prendre en compte l’existence dans ces lieux d’habitats et de paysages humains n’aboutisse à une précarisation massive des peuples autochtones (4). 

 

« La conservation n’est pas seulement une question de végétation ou de paysages avec des animaux, il faut aussi penser aux gens qui y vivent, c’est un ensemble » - Sonia Bone Guajajara, Coordinatrice exécutive de la Coordination des organisations autochtones de l'Amazonie brésilienne (COIAB)



 

… qui méritent pourtant écoute, respect et soutien 

 

De multiples voix autochtones aujourd’hui s’élèvent pour faire valoir leurs droits sur leur territoire, revendiquer le droit d’expression, ou protester contre des dépossessions de terres. La dernière manifestation ayant bousculé les titres date d’août dernier : les peuples autochtones se battaient et se battent toujours pour dénoncer les actes criminels de Jair Bolsonaro sur la forêt amazonienne (5). 

 

Le 3 septembre dernier, lors du congrès mondial pour la nature, un Programme autochtone mondial pour la gouvernance des terres, des territoires, des eaux, des mers côtières et des ressources naturelles autochtones a été présenté. Il a été élaboré par les organisations des peuples autochtones membres de l’UICN. Ce programme présente les priorités concernant les enjeux climatiques et de préservation de la biodiversité par les peuples autochtones (6). Y sont traités : les enjeux de propriété des terres, de souveraineté alimentaire, de promotion des savoir-faire et solutions indigènes dans les agendas de lutte contre le réchauffement climatique ou pour la préservation de la biodiversité. 

 

Dans le cadre du projet “La Fabrique des Pandémies”, nous souhaitons rendre leur place légitime aux populations autochtones et tribales : nous aurions beaucoup à apprendre de leur rapport au monde qui établit un équilibre écosystémique remarquable. Ainsi gardiennes de la nature, elles seraient également les gardiennes de la santé commune… bien au-dessus du niveau de reconnaissance qui leur est accordé aujourd’hui.  

 

(1) https://www.iucncongress2020.org/fr/motion/129.

(2) https://ipbes.net/news/Media-Release-Global-Assessment-Fr#_Indigenous_Peoples,_Local

(3) (https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2019/09/sroc-press-release-fr.pdf ) 

(4) https://www.ldh-france.org/preoccupations-des-ong-concernant-lobjectif-damener-a-30-le-taux-daires-protegees-et-labsence-de-garanties-pour-les-communautes-locales-et-peuples-autochtones-28-septembre/

Et https://www.survivalinternational.fr/campagnes/mensongevert

(5) https://www.greenpeace.fr/autochtones-bresil/

(6) https://portals.iucn.org/union/sites/union/files/doc/global_indigenous_agenda_english.pdf

(7) L’ensemble des motions votées par le congrès de la nature https://www.iucncongress2020.org/fr/assembly/motions

https://uicn.fr/

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Une reconnaissance s'impose

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Une participation inédite au congrès mondial de la nature

 

Du 3 au 10 septembre s’est tenu le congrès mondial de la nature. Ce congrès a rassemblé à Marseille chercheurs, représentants de gouvernements, entreprises, organisations non-gouvernementales et peuples autochtones.

 

En discussion : l’état de la biodiversité dans le monde, deux mois avant l’organisation de la COP26 à Glasgow et un mois avant le lancement en ligne de la Cop15 sur la diversité biologique. 

 

Le congrès mondial de la nature a en réalité débuté en octobre 2020, quand une centaine de motions ont été votées. Il s’est clôturé le 10 septembre avec le vote d’une trentaine de motions cette fois-ci. En tout : 130 motions portant sur les thèmes de l’artificialisation des terres, les pertes de biodiversité, de déforestation ou encore de la préservation des fonds marins. 

 

Une motion interpelle particulièrement, il s’agit de la motion n°129. Celle-ci, déposée par des organisations représentant des peuples autochtones, demande aux États « d’éviter le point de non-retour en Amazonie en protégeant 80% d’ici à 2025 », « en partenariat avec, et en reconnaissant, l'autorité des peuples autochtones » (1). Cette motion rappelle que pour la première fois dans l’histoire de l’UICN, les organisations des peuples autochtones ont présenté ou parrainé des motions en leur propre nom. 

 

Des garants indispensables de la biodiversité…

 

Les instituts internationaux ne cessent de le rappeler : les peuples autochtones sont les meilleurs gardiens des environnements qu’ils habitent. 

 

Le dernier rapport de la FAO, méta-analyse de plus de 300 études, indique qu’en Amérique Latine et dans les Caraïbes, les taux de déforestation sont largement plus bas dans les territoires habités par les peuples autochtones et tribaux. Cette affirmation se vérifie d’autant plus lorsque des droits juridiques et collectifs sont obtenus par ces peuples sur leurs terres. 

 

Les derniers rapports de l’IPBES (2), et celui du Giec de 2019 (3) sur la dégradation des terres, étayaient déjà ces propos. Au-delà de la question de la déforestation, c’est un ensemble de savoir-faire, de connaissances, de rapports au monde qui permettent aux peuples tribaux et indigènes de préserver leurs espaces. 

 

… dont les droits sont bafoués

 

Les peuples autochtones souffrent néanmoins de la déforestation, de la fragmentation des forêts ou encore des activités industrielles ou extractives implantées à proximité de leurs habitats. Les militants issus de ces peuples prennent de grands risques à s’exprimer, jusqu’à mettre leur vie en jeu. Ils souffrent même de la création d’aires protégées de conservation pensées sans eux. Ainsi l’annonce d’un objectif de protection de 30% des espaces terrestres et marins d'ici 2030 lors de la 4e édition du One Planet Summit, a suscité beaucoup d’inquiétude. Des organismes comme la LDH, Survival, Rainforest Foundation UK ou encore Minority Rights Group International craignent en effet que cette volonté de conserver le caractère « sauvage » des espaces sans prendre en compte l’existence dans ces lieux d’habitats et de paysages humains n’aboutisse à une précarisation massive des peuples autochtones (4). 

 

« La conservation n’est pas seulement une question de végétation ou de paysages avec des animaux, il faut aussi penser aux gens qui y vivent, c’est un ensemble » - Sonia Bone Guajajara, Coordinatrice exécutive de la Coordination des organisations autochtones de l'Amazonie brésilienne (COIAB)



 

… qui méritent pourtant écoute, respect et soutien 

 

De multiples voix autochtones aujourd’hui s’élèvent pour faire valoir leurs droits sur leur territoire, revendiquer le droit d’expression, ou protester contre des dépossessions de terres. La dernière manifestation ayant bousculé les titres date d’août dernier : les peuples autochtones se battaient et se battent toujours pour dénoncer les actes criminels de Jair Bolsonaro sur la forêt amazonienne (5). 

 

Le 3 septembre dernier, lors du congrès mondial pour la nature, un Programme autochtone mondial pour la gouvernance des terres, des territoires, des eaux, des mers côtières et des ressources naturelles autochtones a été présenté. Il a été élaboré par les organisations des peuples autochtones membres de l’UICN. Ce programme présente les priorités concernant les enjeux climatiques et de préservation de la biodiversité par les peuples autochtones (6). Y sont traités : les enjeux de propriété des terres, de souveraineté alimentaire, de promotion des savoir-faire et solutions indigènes dans les agendas de lutte contre le réchauffement climatique ou pour la préservation de la biodiversité. 

 

Dans le cadre du projet “La Fabrique des Pandémies”, nous souhaitons rendre leur place légitime aux populations autochtones et tribales : nous aurions beaucoup à apprendre de leur rapport au monde qui établit un équilibre écosystémique remarquable. Ainsi gardiennes de la nature, elles seraient également les gardiennes de la santé commune… bien au-dessus du niveau de reconnaissance qui leur est accordé aujourd’hui.  

 

(1) https://www.iucncongress2020.org/fr/motion/129.

(2) https://ipbes.net/news/Media-Release-Global-Assessment-Fr#_Indigenous_Peoples,_Local

(3) (https://www.ipcc.ch/site/assets/uploads/2019/09/sroc-press-release-fr.pdf ) 

(4) https://www.ldh-france.org/preoccupations-des-ong-concernant-lobjectif-damener-a-30-le-taux-daires-protegees-et-labsence-de-garanties-pour-les-communautes-locales-et-peuples-autochtones-28-septembre/

Et https://www.survivalinternational.fr/campagnes/mensongevert

(5) https://www.greenpeace.fr/autochtones-bresil/

(6) https://portals.iucn.org/union/sites/union/files/doc/global_indigenous_agenda_english.pdf

(7) L’ensemble des motions votées par le congrès de la nature https://www.iucncongress2020.org/fr/assembly/motions

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