Production citoyenne ?
Indépendance et compagnonnage
De tous les principes qui s’imposent à un journaliste, l’indépendance est le plus décisif… et le plus difficile à mettre en œuvre. L’indépendance d’esprit est une quête personnelle. L’indépendance matérielle, qui y contribue grandement, se construit également, en tenant ses propres intérêts à l’écart des pouvoirs établis. S’interdire la communication institutionnelle ou commerciale, c’est un postulat essentiel des agences de presse, qui figure dans les statuts de M2R Films.
Contrairement à ce que voudraient les tenants du « tout se vaut » et du « c’est ainsi que va le monde », l’indépendance du journaliste ne signifie pas pour autant qu’il doive renvoyer dos à dos victimes et responsables, lanceurs d’alertes et lobbies industriels. Dans la clameur ambiante, les discours les moins audibles sont souvent porteurs de vérités inavouables. À condition de recouper ces informations, le journalisme peut retrouver ici les citoyens mobilisés en associations au nom du bien commun. C’est ainsi que diverses ONG ont été associées à mes enquêtes passées (Voleurs d’organes, Escadrons de la mort : l’école française, Torture made in USA, L’école du soupçon, Le monde selon Monsanto), comme l’ACAT, Amnesty International, Human Rights Watch, la Fédération internationale des droits de l’homme, Greenpeace ou le collectif JAMAC…
Témoignage devant le Tribunal de Mendoza (Argentine) au procès des militaires de la Junte
Un journalisme engagé
« Dormez en paix braves gens ! »
L’imprimatur n’est plus de mise, mais accélérées et multipliées, les « infos » sont elles-mêmes le nouveau conditionnement. Bon gré mal gré, les journalistes de news suivent le tempo des annonces et synthétisent les synthèses dont les abreuvent les grandes institutions. Bref : la communication domine l’information, mais soulève un scepticisme généralisé, qui écrase les vraies questions.
C’est pourquoi l’investigation ne se limite pas aux événements les plus retentissants. Jusque dans notre quotidien, entre le cynisme et l’impuissance qui habituent à l’inacceptable, l’investigation permet de poser cette question candide, et tellement politique : « comment est-ce possible ? »
Un journalisme d’investigation
« Savoir c’est pouvoir »
Cette phrase que j’ai placée en exergue de mon film et livre « Notre poison quotidien » constitue mon fil rouge.
Plus que jamais, le monde a besoin d’hommes et de femmes engagés qui agissent localement et en réseau pour que notre bonne vieille planète puisse relever les défis qui la menacent : crise écologique, pauvreté, malnutrition, totalitarismes politique et financier. Citoyenne du monde, je pense que l’information rigoureuse et professionnelle constitue un outil capital pour que chacun puisse comprendre les enjeux et replacer les droits humains au cœur des processus politiques, sociaux et économiques.
Dans les locaux de l'Institut Ramazzini (près de Bologne), avec Morando Soffritti, directeur scientifique